Projet APAC : Appui aux Populations Affectées par la Crise sahélienne au nord de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin |
Préserver la cohésion sociale entre les différentes communautés affectées par la crise sahélienne
Contexte
La zone d’intervention du projet APAC – Appui aux Populations Affectées par la Crise sahélienne – concerne la problématique transfrontalière entre le Sahel et le nord des pays côtiers. Plus spécifiquement, elle touche les régions frontalières de la Guinée, de la Côte d’ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin directement confrontées aux effets de la crise qui sévit au Mali, au Burkina Faso et à l’Ouest du Niger.
L’économie de ces zones dépend principalement de l’agriculture, de l’élevage et de l’exploitation minière, avec des échanges commerciaux significatifs. Par ailleurs, la coopération transfrontalière vise à promouvoir le développement local. Toutefois, la sécurité est un défi majeur en raison d’activités terroristes et de tensions liées aux ressources naturelles.
Bien que la filière bétail soit un secteur stratégique pour les pays ouest-africains, l’insécurité perturbe la mobilité des éleveurs. En effet, elle entraîne des changements dans les mouvements de bétail vers les pays côtiers. La détérioration de la situation sécuritaire impacte négativement le secteur agropastoral, favorisant, de fait, les conflits et l’expansion des organisations terroristes. De surcroît, les politiques de sédentarisation des éleveurs exacerbent les tensions, menaçant les droits fonciers et la stabilité des communautés.
Aussi, cette situation impacte particulièrement les jeunes, confrontés à des difficultés d’accès à l’emploi. De fait, elle contraint certains jeunes à recourir à des stratégies d’adaptation (déplacements internes ou transfrontaliers, et dans les cas extrêmes, l’adhésion à des groupes armés non étatiques).
L’action
Le projet APAC s’inscrit dans la continuité du projet REPOT – Résilience des populations rurales sur le territoire transfrontalier – qui visait déjà à renforcer la cohésion sociale et la résilience des populations rurales des régions limitrophes entre le Burkina Faso, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Il a notamment permis la mise en œuvre d’actions d’urgence et de relèvement en faveur des populations vulnérabilisées par la crise sécuritaire et la détérioration de la filière bétail-viande (agropastoralisme). L’action, qui s’étend à présent aux régions frontalières du nord de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin, repose sur quatre axes d’intervention :
- La mobilité / filière du bétail est mieux comprise et acceptée par les acteurs locaux. Cet axe permettra de renforcer la compréhension des décideurs locaux et de la population en général, concernant les enjeux de la mobilité et du commerce du bétail. En définitive, le but est d’améliorer la coexistence entre les communautés.
- Les moyens d’existence des ménages vulnérabilisés par la crise sont renforcés et diversifiés via des actions d’urgence comme notamment des distributions de kits de première nécessité, opérations de santé animale, travaux types « argent contre travail », distribution de noyaux reproductifs de petits ruminants, le développement d’activités économiques, l’octroi de microcrédits, et la formation professionnelle des jeunes.
- L’accès et la gestion des ressources naturelles est améliorée, notamment par la réalisation ou la réhabilitation de points d’eau, et le renforcement des capacités des comités locaux pour gérer les multiples aménagements pastoraux existants.
- La mobilité / filière du bétail et les problèmes conjoncturels qui en découlent sont mieux anticipés et cogérés par les acteurs locaux clés. Cet axe reposera entre autres sur le renforcement des intercollectivités, supervision de la gestion des aménagements pastoraux et des infrastructures marchandes, relais de veille communautaire, espaces de dialogue, mise en œuvre d’actions d’aide décidées par les comités de cogestion des fonds d’interventions localisées.
Objectifs :
Dès lors, l’objectif général du projet APAC est de contribuer à la résilience socio-économique des territoires transfrontaliers face à la crise sécuritaire. Plus spécifiquement, le projet entend participer à la préservation de la cohésion sociale entre les différentes communautés affectées par la crise sahélienne.
Le projet APAC veillera à
- Fournir une aide d’urgence aux populations sinistrées / gravement affectées par l’insécurité armée afin de répondre à leurs besoins vitaux.
- Participer au relèvement et à la préservation des populations touchées, en renforçant et diversifiant leurs moyens d’existence.
- Prévenir les conflits en milieu rural, afin que tout incident impliquant un éleveur ne dégénère pas en conflit communautaire.
- Stabiliser les territoires par une gestion renforcée, au niveau des Autorités locales et des Services techniques déconcentrés (STD), de la mobilité / filière du bétail afin que ces aspects soutiennent le développement local.
Les indicateurs clefs et impacts du projet APAC
Populations bénéficiaires
- Près de 170 000 bénéficiaires directs selon la répartition suivante :
- Au moins 80 000 personnes bénéficieront de formations, débats informés, espaces de dialogue, etc., afin de renforcer la cohésion sociale.
- + 89 000 personnes recevront un soutien en aides alimentaires, travail rémunéré, distributions de kits reproducteurs de petits ruminants, interventions d’urgence.
- Plus d’1 million de personnes sensibilisées et bénéficiant notamment de l’entretien d’infrastructures existantes.
Résultats attendus
- Débats-informés adaptés au niveau des régions et des villages. Renforcement des compétences des autorités sur la gestion des conflits agriculteurs – éleveurs. Amélioration de la reconnaissance officielle des éleveurs à travers l’obtention de documents officiels. Restitution aux acteurs et populations locales des résultats sur la dynamique de la filière et les fonds cogérés. Sensibilisation des populations locales à la coexistence pacifique entre communautés.
- 80% des acteurs locaux et bénéficiaires directs ont une meilleure connaissance des enjeux de la mobilité du bétail ;
- 75% des éleveurs bénéficiaires directs se sentent plus à l’aise et moins stigmatisés.
- Renforcement de la maîtrise des partenaires du projet en approches humanitaires. Organisation d’opérations de santé animale. Octroiement de noyaux reproductifs de petits ruminants aux ménages extrêmement vulnérables (femmes et jeunes prioritairement). Développement des THIMO autour des aménagements pastoraux existants. Appui au développement des AVEC et des AGR ; Accès à la formation professionnelle des jeunes. Distributions de produits de première nécessité dans les zones d’accueil des populations déplacées / réfugiées / sinistrées.
- 40 000 personnes bénéficient de soutien pour améliorer leurs moyens de subsistance ;
- 70% des AVEC et AGR sont fonctionnelles.
- Réalisation / réhabilitation de points d’eau répondant aux besoins des populations locales et à la mobilité du bétail. Renforcement des capacités des COGES / Comités de suivi pour la gestion des différents aménagements et infrastructures pastorales existants.
- 17 points d’eau sont opérationnels ;
- 75% des pistes à bétail sont fonctionnelles.
- Appui au renforcement des intercollectivités. Supervision de la gestion des Aménagements Pastoraux (AP) et Infrastructures Marchandes (IM). Installation et renforcement des Relais de Veille Communautaire (RVC) autour de la thématique pastorale. Espaces de Dialogue (ED) au niveau des villages suite aux situations d’alertes remontées. Espaces de Dialogue (ED) transfrontaliers autour de la mobilité du bétail. Actions d’aide décidées par les comités de cogestion des Fonds d’Interventions Localisées (FIL).
- 5 dispositifs territoriaux intercollectivités, pour la gestion de la filière / mobilité du bétail, sont fonctionnels ;
- Cogestion et exécution de 100% des Fonds d’Interventions Localisées.
Ce projet est financé par le Centre de crise et de soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et bénéficie également du soutien d’Air France.